Avant de commencer ce récit, je tiens d’emblée à vous confier que si le spectacle était bien au rendez-vous, les photographies qui suivent ne sont pas d’une grande qualité. Ne soyez donc pas surpris de ne pas voir des structures dantesques et j’aurais évidemment préféré avoir de plus belles photos! Il faut dire que la situation était particulièrement difficile avec une situation à contre-jour, en fin de soirée (et à la nuit tombée) et dans une ambiance dont les couleurs étaient très changeantes. N’étant pas non plus un photographe émérite (loin de là), j’estime malgré tout que cette sortie aura été plus que réussie à mon goût et je tenais à vous la conter.
En ce 1er août, la situation générale était favorable à la survenue d’orages pouvant s’avérer localement forts. Cependant, une grande incertitude concernait l’inversion. Celle-ci allait-elle résister ?
Après avoir terminé mon travail aux environs de 19h30, je téléphonai à Mike pour avoir un point de la situation. Comme on pouvait s’y attendre, l’inversion résistait toujours et rien n’était à signaler sur notre pays. Il faut dire que les modèles avaient bien prévu cela mais dans une telle situation, avec une forte instabilité et une forte hélicité, tout déclenchement de la convection pouvait autoriser la survenue d’orages puissants, et les prévisions émises sur le site Belgorage allaient dans ce sens.
Arrivé chez moi aux environs de 20 heures, je pu constater sur les images radar l’arrivée d’une ligne convective qui s’étirait de la région tournaisienne à la région gantoise.
Je décidai de prendre la direction de Renaix et d’Audenarde afin de devancer cette ligne.
Arrivé sur les hauteurs de Renaix, quelques coups de tonnerre retentissaient au loin. Ca y’est, l’inversion était enfin percée !
J’étais bien entendu sur mes gardes car une cellule pouvait brutalement se développer. Cependant, le ciel était chaotique avec de nombreuses structures quelques peu « mystérieuses »


Mais voyant sur les images radar que la ligne ne progressait quasiment pas, je me décidai à reprendre la route vers Gand avec, dans l’espoir, d’assister au développement d’une cellule puissante, en amont du système. Mais la situation était loin d’être facile à photographier car l’état du ciel changeait constamment et des fortes pluies succédaient à des trouées avec même de temps en temps l’apparition du soleil ; le tout dans une ambiance spéciale où le ciel était d’ailleurs d’une couleur jaunâtre.
Durant pratiquement une heure, je contemplais ce ciel avec la survenue d’éclairs et je tentais tant bien que mal de trouver un endroit correct pour la photographie mais en vain !
Passé Gand, une structure assez troublante se développait sur ma gauche. Je décidais de m’arrêter le plus vite possible dans un endroit assez dégagé (ce qui n’est pas du tout évident en Flandre). Mais le plus important n’était pas là ! Ce qui comptait, c’était de pouvoir contempler cette structure durant plusieurs dizaines de minutes. Malheureusement, les conditions étaient pénibles pour réussir à avoir quelques clichés potables.

Cependant, je commençais à me rendre compte que cette structure s’identifiait de plus en plus à un nuage mur mésocyclonique.
En effet, la durée durant laquelle cette structure a gardé une netteté peu commune (plus de 20 minutes) avec la présence de stries ainsi que sa position au sein du système (et non à l’avant) écartait l’hypothèse d’un arcus ou d’un abaissement prononcé « classique » du nuage convectif. En outre, la situation atmosphérique était favorable au développement d’une telle structure (forte hélicité).
Pour être plus précis, je photographiais vers l’ouest. Voici l’image radar avec ma position (estimée) par rapport à la cellule.

Afin d’essayer de faire ressortir les formes, j’ai retravaillé les photographies et voilà ce que cela donne

On peut mieux se rendre compte de la présence de stries bien nettes et de la forme presque parfaite de cette structure. Bon, ce n’est pas une photo d’une grande qualité, j’en conviens.
Au bout d’une vingtaine de minutes, Je repris la route afin de tenter de devancer cette structure mais la tombée de la nuit étant proche, je ne pouvais plus espérer assister à un tel spectacle durant longtemps.
Arrivé dans la région de Wachtebeke, l’orage finit par me passer dessus et de très fortes pluies s’abattirent durant un laps court de temps.

Enfin, après avoir eu Samina au téléphone (et ne l’ayant pas mise au courant de mes péripéties car d’un naturel « prudent »), je repris la route peu de temps après et j’ai pu constater des inondations localisées dans les régions de Lochristi et de Destelbergen.
Ce n’est qu’en revenant chez moi que j’ai analysé minutieusement les photographies, mes notes prises lors de la traque ainsi que les images radars.
Voilà le récit d’une soirée que je ne suis pas prêt d’oublier avec un petit regret, ne pas avoir pu profiter d’un endroit bien dégagé et de ne pas avoir ramené des photos à la hauteur.